mercredi 10 août 2011

Asclépiade: gourmet ou toxique?


Dans ma vague de nouveauté côté cueillette, j'ai ajouté la semaine dernière les p'tits cochons encore tendres (ou les gousses) de l'asclépiade. J'avais trouvé à la fin de l'été dernier un terrain vague riche en matière première (on s'était d'ailleurs bien amusés à vider les petits cochons tout secs de leur "coton" soyeux) et j'en était repartie en me promettant d'y revenir plus tôt l'été suivant. Parce que j'avais déjà lu, et entendu, qu'on pouvait manger les fruits de cette "mauvaise herbe" avant qu'ils atteignent la maturité. Et quand j'ai quelque chose en tête... Bien voilà, je n'avais pas oublié.

J'ai fouiné un peu sur le net, et regardé un reportage bien intéressant à Télé-Québec diffusé en avril 2009 dans le cadre de l'émission Coureurs des bois. J'ai vu aussi ce billet de Martine la banlieusarde, qui a essayé les gousses sautées au beurre. Et celui-ci de vieux bandit, des Campagnonades. Entres autres...
Je m'en suis donc allée vers le-dit terrain vague, riche en matière recherchée, armée de ma chaudière remplie d'eau pour accueillir les gousses vertes et pas trop grosses (entre 2 à 6 centimètres). L'eau sert de premier trempage pour ces légumes sauvages, parce qu'ils contiennent une sève rappelant celle des pissenlits, laiteuse mais plus collante.
De retour à la maison, j'ai bien rincé mes petites gousses plusieurs fois, les ai légèrement brossées, puis les ai mis à tremper pour la nuit. Je les ai apprêtées le lendemain (ça, je vous en reparlerai) et les ai servies au souper. Très bon, je dois dire. Saveur de haricot vert, mais pas tout à fait. Saveur d'asclépiade, assurément. Très contente de ma découverte, je me dis que je referai l'expérience...
Gousses blanchies

...jusqu'à ce que je retourne sur Google pour voir d'autres trucs sur l'asclépiade et que je tombe sur cet article de Pierre Gingras! (journaliste horticole bien connu qui travaille à LaPresse et collabore avec Ricardo, et dont j'aime beaucoup lire les articles instructifs) Aïe... à la fin de ma lecture, j'en avais l'estomac retourné! Non, ça ne devait pas être à cause de l'asclépiade, je l'avais mangé 2 jours plus tôt! Mais quand même légèrement inquiétant. Je vous résume: M. Gingras nous y apprend que l'asclépiade fait partie de la liste des plantes toxiques du Centre antipoison du Québec, qui rapporterait au moins 5 cas d'intoxication par asclépiade par année. De nombreux animaux domestiques seraient morts empoisonnés après en avoir mangé. Bon. La toxine en cause est la cardénolide contenue dans la plante, qui peut causer un arrêt cardiaque. OK... La technique recommandée pour éliminer ladite toxine (qui est de faire bouillir 2 fois les gousses en jetant la première eau de cuisson) n'a pas de donnée scientifique pour la valider. Tellement dommage, non? Cette plante est citée dans de nombreux livres, reportages, et même dans cette présentation universitaire à la Faculté des sciences de l'agriculture et de l'alimentation... Des gousses d'asclépiades, fraîches et marinées, sont vendues. Il serait temps qu'elle soit étudiée, il me semble.

Maintenant, je fais quoi? Embêtant. D'abord, je ne suis pas sûre que j'en redonnerais aux enfants...quoique...c'est exactement ce que les animateurs de l'émission "Coureurs des bois" font dans leur reportage sur l'asclépiade! D'un autre côté, je pense aux têtes de violon qui contiennent une toxine elles-aussi, non identifiée, et qui doivent absolument être bouillies avant d'être consommées. Je repense à cette présentation portant sur les plantes sauvages comestibles du Québec, quand même présentée à l'université Laval! On y recommande encore de bouillir la plante dans 2 eaux... Je continuerais à utiliser cette technique, et non pas celle mentionnée par les "Coureurs des bois" de seulement faire tremper les gousses dans l'eau pendant 24 heures. Les miennes, après ce temps de trempage, avait encore de la sève blanche si j'en coupais un morceau. Mais elles n'en avaient plus après les avoir blanchies 2 fois.

Et je dois dire franchement, c'était délicieux. Ce serait trop dommage de ne pas y goûter de nouveau.

Asclépiade, gourmet ou toxique? Les deux, je dirais. Gourmet si bien apprêtée. Toxique avant cuisson. Mais j'aimerais bien qu'on me confirme qu'elle ne l'est plus après que je l'aie apprêtée...

Saviez-vous que l'asclépiade attire les papillons, et tout particulièrement le monarque? Ses larves se nourrissent de la sève toxique, ce qui les rend toxiques vis-à-vis leurs éventuels prédateurs. Efficace moyen de protection...

9 commentaires:

  1. Merci Sandra!

    Moi j'en ai jamais mangé ou apprêté... C'est bon à savoir.

    En regardant rapidement, je lis que la dose peut avoir un effet, genre bénéfique à faible dose et léthale à grande dose. (mais j'ai juste regardé rapidement, rien d'approfondit hein)

    Alors peut-être que la modération (bien préparé) a bien meilleur goût!

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  2. Je ne connaissais pas ce fruit... Je dois dire que l'idée que ça soit toxique est du type à m'arrêter... Je suis une peu peureuse... Quoi que, je mange bien des têtes de violon... C'est à réfléchir!

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  3. Oui, je comprends que ça ralentisse les ardeurs. Moi la première. L'article de M. Gingras sème le doute en disant qu'il n'y a pas d'études confirmant que la préparation élimine la toxine de l'asclépiade. D'un autre côté, la plante est consommée depuis longtemps... Une chose certaine: une cuisson adéquate est primordiale!

    Et oui Manon, la modération a bien meilleur goût!

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  4. C'est embêtant ça parce que moi j'aime bien celles justement vendues par Le gourmet sauvage!

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  5. Tout ce que je peux dire c'est que c'est excellent et la toxine n'est plus là si tu suit ta façon d'apprêter et même s'il en reste un peu ... maux de ventre POSSIBLE... J'AI BIEN DIT POSSIBLE. Jamais chez moi. Il y a eu une émission de télé là-dessus, désolée je ne me souviens pas du nom.

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    1. Bonjour!
      Si vous lisez l'article au complet, j'y citait l'émission du Coureur des bois. Mais je citait également un article de Pierre Gingras qui explique qu'il n'y avait pas d'études confirmant la non-toxicité... Mais je n'ai pas fait de recherches récemment sur la question.
      Merci de votre commentaire.

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  6. Il s’agit de la même technique de cuisson que les têtes de violon. Mais je ne peux confirmer qu’il s’agit de la même toxine!

    à la recolte��

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  7. https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/jlac.1992199201100

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  8. Je viens de lire qu'elle est légèrement toxique, mais qu'elle peut être consommé crue en petite quantité. Le monarque mange la plante pour acquérir sa toxicité au fil du temps et il est ainsi protéger des prédateurs.

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